Par Viviane
Nkurunziza – 13 novembre 2013
Aujourd’hui grâce à l’évolution de l’internet,
le monde est plus connecté que jamais et jamais le savoir et l’information
n’auront autant été accessibles. L’évolution est telle qu’on aurait jamais
imaginé il y a 10 ans regarder, impuissants, en direct devant nos écrans
téléviseurs un tsunami envahir et détruire un pays comme le Japon en 2012 ou
encore suivre en direct une révolution comme en 2011 en Afrique du Nord. Et
jamais les réseaux sociaux n’auront autant rapproché les 5 continents. On tous
un jour croisé quelqu'un dans la rue et eu l'impression de l'avoir déjà vu
alors que rien dans notre quotidien ne nous lie, pour ensuite nous rendre
compte que ce n’est nul par ailleurs que sur Facebook. Il m’est déjà arrivée de voir un ami de la fac,
Rwando-Egyptien, en Ouganda faire un commentaire sur la photo d’une voisine de
mon quartier Kabondo qui étudie maintenant en Chine et qui en fait s’avérait
sortir avec l’ami ougandais de mon ami et je suis persuadée que des cas
similaires, il y en a beaucoup.
D’autres industries dans le cas contraire, comme celle
de la musique, menacée de disparaître à cause du téléchargement illégal sur
internet, ou encore celle du livre à cause du numérique n’y trouvent guère leur
compte à cause de cette même évolution.
Notre vie n’est guère épargnée non plus, elle se
voit de jour en jour privée d’intimité. Des caméras de surveillance dans les entreprises
et dans les banques à la mise sur écoute téléphonique d’Angela Merkel par les
Etats-Unis en passant par les enregistrements qui ont rendus publique les
possibles liaisons extra conjugales du pasteur de l’église Bon Berger avec les
membres de son église. Bref personne n’est à l’abri et les prédateurs ne sont
jamais loin. Peut-être, alors que vous croyez tranquillement lire cet article,
êtes-vous en train d’être épiés par un indiscret à l’autre bout du monde qui
guette vos moindres faits et gestes via votre webcam.
Les
réseaux sociaux sont devenus notre pain quotidien. Facebook et Twitter comptent
à eux seuls 1.5 milliards d’internautes dans le monde grâce à l’apparition des
Smartphones qui ont fait grimper le nombre d’abonnés, et accru le nombre de
commentateurs et de photographes amateurs. Les compagnies rivalisent en
invention, la qualité de leurs photos a de moins en moins à envier celle des
appareils photos plus lourdes à porter et qui ne proposent aucune option de
partage ou de retouche directe à l’instar des Smartphones plus accessibles au
grand public qui plus est.
Dans
cette course à l’instantanée, prendre une photo en famille ou avec ses amis
n’est plus un geste anodin, une partie de plaisir ou un moyen d’immortaliser
ces instants qu’on passe ensemble avec ceux qu’on aime. Pour les uns c’est
devenu un réflexe qu’on croirait que les photos se prennent toutes seules et
pour les plus férus des réseaux sociaux, tout est pensé au millimètre près. Ils
choisissent les endroits ainsi que les activités dans lesquels ils veulent être
pris en photos, chacun selon ses centres d’intérêt. Il ne faut plus simplement
sourire sur la photo, le sourire xxl étant devenu ringard. Tout est calculé et il
faut charmer ! C’est peut-être ça la mode comme ce majeur et cet index qui
forment à eux deux une ode à la paix et à l’amour qu’on a tous fait un jour,
instinctivement, peut-être lassé de toujours entendre les horreurs de la vie
ici et là dans le pays et dans le monde. Notre façon de dire « et si on
faisait l’amour plutôt que la guerre ? ». Les petits riens de la vie
comme la sortie entre potes à la plage, ou la visite chez les grands parents de
Makamba prennent une toute autre ampleur.
Quand
bien même on ne serait sur aucun réseau social on sait qu’on finira au moins un
jour sur la toile par un ami bien intentionné qui nous y emmènera à notre insu,
ou par les dizaines d’autres sites sur lesquels on s’est inscrit pour des
besoins du travail, d’école ou de loisirs, parce qu'aujourd’hui on ne compte
plus le nombre de sites sur lesquels il nous a été demandés de laisser nom et
adresse, email et mot de passe pour on ne sait plus très bien pour quelle
raison, encore faut-il s’en rappeler !
Chaque clic
et chaque page sur l’internet est une trace que l’internaute laisse et qui sera
stockée sur des bases de données qui seront ensuite utilisées à des fins autres
malgré lui et il ne prendrait que moins d’un jour à un enfant de 10 ans pour
dresser notre profil complet. John Churton Collins a dit : « Si nous
n’avions plus de secret les uns pour les autres, serait-ce une source de
réconfort ? ». Ne devrions-nous pas réfléchir sur ce que nul ne peut
nous arracher, c’est-à-dire la possibilité ainsi que le droit de disposer au
moins de notre liberté à poster sur l’internet ce que les gens peuvent et ne
peuvent pas voir de notre vie ? Ou devrions-nous au contraire faire
confiance en l’avenir et en cet univers qui n’a pas pourtant pas fini de nous
surprendre parce qu’après tout l’humain ne peut s’empêcher de voir le danger
partout et que quoi qu’il en advienne, il n’en fera toujours qu’à sa tête.
ppapillonvert@gmail.com
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