Une année de châteaux en Espagne

Par Viviane Nkurunziza 14 janvier 2014

Un jour, quelqu’un m’a dit que la raison pour laquelle les Burundais n’écrivent pas est due à notre culture orale qui nous amène à penser et à tout planifier de notre vie, comme il se doit, dans notre tête. Mais voilà, avec tout ce que notre cerveau perçoit par jour et toutes les informations qu’il traite, pas étonnant, tout aussi efficace qu’il serait, d’oublier et de tourner en rond dans nos pensées.

Est-ce un concept typiquement occidental ou c’est un concept partagé par tous les humains de faire un bilan de l’année écoulée et de dresser la liste des résolutions pour celle qui suit ? Je me plais à croire qu’à chaque début de l’année, qu’on vive en Amérique ou au Burundi, l’heure passe à la rétrospective, à l’analyse et à la projection des jours à venir.

Les résolutions tournent souvent autour de trois choses : Le travail, la famille et la santé. On jure de travailler dur pour réussir en classe, on se promet de se lancer dans son vrai domaine, sa passion, sur son propre compte ou forcément pas. On se convainc qu’on pourra cette fois-ci demander une augmentation de salaire. Aura-t-on l’argent qu’il faut pour payer le loyer tout en assurant l’éducation des enfants ? On se jure de changer pour la famille, on fait la résolution de rassembler tous nos tripes pour enfin déclarer la flamme à son amour en secret, on pense mariage. On se jure de se mettre au  sport depuis le temps qu’on y pense, les uns projettent de perdre du poids pendant que d’autres rêvent de quelques kilos de plus. Arrêter de boire, combattre la peur, s’affranchir en apprenant à dire non, la liberté…

Les croyants se tournent alors vers Dieu en vue d’y puiser de la force pendant que d’autres, trouvent refuge dans les articles pleins d’astuces et de secrets sur comment transformer sa vie en 2014 en 10 points, 7 clés pour réussir ses objectifs en 2014 etc.

Faudra-il encore qu’on s’en souvienne au milieu de l’année et pire encore à sa fin car on est vite rattrapé par le train-train et le tracas de la vie aussitôt l’euphorie du nouvel an passée. Le patron est toujours là et c’est toujours le même. Le nombre de chômeurs et l’insécurité grandissante nous rappellent vite la crise politico-économique que traverse le pays depuis on ne sait plus trop quand et l’on finit par vivre l’année comme si le mieux serait pour nous de vivre notre vie sans trop faire de bruit, car à chaque jour suffit sa peine, se dit-on.

Mais à quoi ressemblerait la vie si on ne pouvait pas rêver ? Le peuple d’Israël n’a-t-il pas marché 40 ans durant jusqu’à la « terre promise » ? Le rêve de Martin Luther King ne s’est-il pas vu réalisé en partie un 4 novembre 2009 lorsque les Etats-Unis ont élu un homme noir venu presque de nulle part à la tête du pays ? Phileas Fogg n’a-t-il pas fait le tour du monde en 80 jours ?

Certes, ce dernier est un personnage de roman mais qu’importe ? Le plus important est de se rappeler que dans tous les cas l’action, le courage et l’union ont toujours fait et feront toujours la force.

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